La crise du Coronavirus a entraîné une situation inédite qui a eu des impacts sur de nombreux secteurs, notamment celui de la Mobilité Internationale (MI). Expateo a réalisé une enquête en ligne et des entretiens auprès de professionnels de la MI afin de comprendre les besoins et interrogations soulevées par cette crise. Alors que la majorité des effectifs a été mise en télétravail durant la gestion de la crise, 52% des professionnels MI prévoient une baisse des salariés en mobilité internationale. Parmi les mesures prises pour ces salariés en MI durant la crise on compte une grande majorité de recours au télétravail. Beaucoup d’entreprises ont aussi dû opter pour le rapatriement partiel de leurs salariés ainsi que la mise au chômage partiel. Le recours massif au télétravail a réinterrogé les organisations et posé la question de l’accès sécurisé aux données pour le maintien de l’activité. Parmi les répondants au questionnaire, la grande majorité a maintenu son activité par le biais de fichiers stockés sur le cloud ou envoyés par email.
Les impacts à moyen terme
Parmi les projets de mobilité 2020 qui étaient en cours de préparation avant la crise du COVID-19, 70% ont été temporairement retardés ou gelés, et 25% ont dû être annulés ou gelés. La crise sanitaire est venue accélérer ou renforcer des tendances existantes. Les professionnels MI projettent notamment, dans les effets à moyen terme, une réduction globale des coûts/budgets, une remise mise à plat des politiques, une baisse relative des effectifs salariés en mobilité, une évolution vers des mobilités plus courtes et une accélération la digitalisation des process de gestion de la MI. “Cette crise met en évidence le besoin d’une vision globale pour évaluer les décisions, on ne peut pas se contenter d’une approche spécifique par pays. Les difficultés de la MI de réunir une approche locale et globale sont bien mises en évidence pendant cette crise” Responsable MI.
Les enjeux MI
I- Réduction des coûts
Si la crise a entraîné une réaction immédiate de réduction des coûts de la Mobilité Internationale, cette tendance risque de s’affirmer pendant un certain temps. En effet, cet enjeu est placé en première position des effets à moyen terme sur la MI par l’ensemble des interviewés. De telles coupes budgétaires vont être accompagnées de coûts croissants pour assurer les obligations de sécurité et de conformité réglementaire. Ainsi les mobilités les plus coûteuses, comme les mobilités longues seront amenées à être interrogées. C’est pourquoi les contrats locaux, les mobilités courtes ou encore la baisse des packages vont être privilégiés dans le futur proche. Il est aussi probable de voir le nombre de salariés en mobilité internationale baisser au profit d’un arbitrage possible entre le travail à distance et l’envoi de salarié en mobilité.
II- Conformité et sécurité
Cette crise a confirmé l’importance d’un accès sécurisé à l’information. Non seulement l’employeur doit assurer la sécurité de ses employés mais aussi maintenir l’accès à une information fiable dont l’absence rend difficile la prise de décision. La tendance à la complexification réglementaire ajoute une difficulté dans la gestion des risques et pourrait impacter les dimensions légales, réglementaires et financières des politiques de mobilité internationale. Pour cela, Il est essentiel pour les professionnels MI de savoir ou se trouve les salariés, quand et avec qui. Ceci nécessite de mettre en place un tracking renforcé pour améliorer la gestion des risques, repenser les politiques de mobilité qui doivent impérativement intégrer des mesures accrues de conformité et de sécurité. Enfin il faudrait rendre compatible ce tracking avec le respect des libertés individuelles et le RGPD.
III- Redéfinition du rôle et fonctionnement des équipes MI
Non seulement cette crise a révélé certaines difficultés dans la gestion RH des équipes MI, mais elle a aussi fait naître certaines craintes liées à la gestion quotidienne de la MI dont la complexité est amenée à s’accroître dans un contexte plus contraint. Les équipes de Mobilité Internationale risquent donc de voir leurs effectifs se réduire tout en observant une augmentation de la charge de travail. Les processus de décision devront aussi évoluer afin de se préparer à la gestion en temps de crise. Les équipes RH de gestion de la Mobilité internationale s’attendent à voir leur métier devenir de plus en plus technique au détriment de sa dimension stratégique.
IV- Relocalisation
Bien entendu, comme nous l’avons mentionné auparavant, les interrogations levées par cette crise amèneront à repenser l’organisation internationale des effectifs avec une éventuelle relocalisation des sites de production en Europe.
Conclusion
La crise sanitaire a bousculé la gestion de la MI et est venue accélérer les tendances existantes. Les processus et les organisations devront s’adapter, devenir plus clairs et favoriser l’accès et le partage d’’information. Les obligations employeur liées à la sécurité et à la conformité, pourront être améliorées, notamment par le recours au tracking, et les mesures de gestion de crise adaptées. La digitalisation des processus est perçue comme un moyen de répondre aux prochains défis de la gestion de la Mobilité Internationale, notamment en matière de conformité et tracking. Elle permettrait aussi de mieux maîtriser l’information utile pour plus d’efficacité dans l’organisation et la prise de décision, particulièrement dans un contexte de gestion de crise pour assurer le plan de continuité de l’entreprise. La synthèse graphique de notre étude ici